Ah les mamans!!
Les mamans ont toujours raison!! Ma mère me disait souvent ça et je l'ai cru jusqu'à ce que j'aie des enfants! Le pire c'est que cette théorie s'est souvent avérée vraie dans mon cas. Si ma mère me disait: " Attache ton manteau, tu vas pogner la grippe" et que je ne l'écoutais pas, c'était inévitable, j'attrapais la grippe. Même si on sait très bien que la grippe ne s'attrape avec un manteau ouvert!! Ma mère m'a appris tellement de chose, elle m'a tout appris en fait! J'ai toujours eu du fun avec elle. Elle faisait partie des mères qui ne se prennent pas au sérieux, qui changent les paroles des chansons par des niaiseries juste pour te faire rire, une mère que tes amis trouvent cool!
Quand j'étais enfant, si je me faisais écoeurer dans la cours d'école, elle y allait toujours de commentaires percutants du genre: " S'il t'écoeure encore mets-y ton poing dans face!". Après avoir eu des enfants, je comprends qu'elle disait ça car elle aurait elle-même voulu frapper ces petits morveux que écoeuraient sa fille, que son instinct de mère protectrice prenait le dessus et aussi parce qu'elle savait que je ne le ferais pas. Ça la ramenait peut-être aussi à sa propre enfance où elle aurait voulu avoir le courage de répondre à ceux qui l'écoeuraient dans la cours d'école. Mais moi et ma mère on se ressemble beaucoup, c'était donc évident que je ne frapperais personne!! Mais j'avoue que ça me donnait une certaine confiance de savoir que ma mère m'en donnait la permission! Quand mon fils arrive de l'école et qu'il me dit qu'un tel l'a écoeuré ou l'a poussé, je me surprend à avoir envie de lui faire le même commentaire que ma mère me faisait. Mais je me retiens, de peur qu'il le fasse pour vrai évidemment!! Je ne voudrais pas avoir à m'expliquer devant un directeur d'école!
À l'adolescence j'étais particulièrement libre. Tellement que je me fixais moi-même des limites. Je n'allais pas coucher chez mon chum la semaine, juste la fin de semaine. Je n'avais pas d'heure pour rentrer mais je n'ai jamais dépassé 22h en semaine. En fait, une des seules règles que j'avais c'était de téléphoner si je changeais de place ou si je ne rentrais pas coucher, et ça peut importe l'heure. Ma mère m'a toujours dit: je te fais confiance jusqu'à preuve du contraire mais ne me déçoit jamais". J'ai toujours apprécié cette liberté et cette confiance. C'est certain que j'étais le bébé, ma soeur avait donc fait le chemin avant moi et comme elle avait bien fait ça, mes parents devaient se dire que je suivrais l'exemple! J'avais une belle relation avec ma mère, on parlait beaucoup, de tout et de rien. C'est certain que je ne lui disais pas tout, mais je savais qu'elle était là quand j'avais besoin. Quand j'avais des peines d'amour, elle pleurait avec moi!! J'ai toujours détesté ça d'ailleurs, car je me sentais obligé de la consoler!! Je la comprend mieux maintenant et je vais sans doute être comme elle avec mes enfants! J'espère tout de même être capable d'offrir cette confiance à mes enfants.
Plus je vieillis, plus je vois des facettes de ma mère que je ne voyais pas avant et parfois je trouve ça difficile. Ma mère m'a montré à être forte, indépendante, à persévérer, à agir. Elle m'a montré à me défendre, à ne pas me laisser marcher sur les pieds, à avoir confiance en moi. Elle a fait comme la plupart des parents, elle m'a appris des choses qu'elle n'avait pas eu la chance d'apprendre. Elle m'a fait suivre des cours de piscine car elle avait peur de l'eau, elle a voulu que je sois indépendante car elle dépendait de mon père, elle a voulu que je m'affirme car trop souvent elle ne l'a pas fait.
Ma mère a ses défauts comme tout le monde, et je ne vais pas les énumérer... car j'ai hérité de plusieurs! ;) Ma mère n'a pratiquement jamais travaillé, elle est restée à la maison et elle nous a élevé ma soeur et moi. Elle s'est dévouée à entretenir la maison, à nous préparer les repas, à jouer avec nous. Moi, je n'ai jamais fréquenté les services de garde et j'ai toujours été dîner à la maison. Des petites choses qui ont fait toute la différence pour moi et que j'aimerais tant offrir à mes enfants. Ma mère faisait son ménage presque tous les jours lorsqu'on était à l'école, elle avait ainsi du temps à nous consacrer les soirs et les fins de semaine. Moi, quand je travaille, je cours toute la semaine à faire la navette entre job, garderie, service de garde, repas, lunch. Et la fin de semaine il faut se clencher le ménage et le lavage si on veut repartir la semaine du bon pied.
Depuis que je suis maman, je suis tellement reconnaissante envers mes parents d'avoir pris la décision que ma mère ne travaillerait pas. Certaines langues sales diront que ma mère s'est fait vivre par mon père. Vous pouvez le penser si ça vous fait plaisir, mais moi je sais à quel point ce qu'elle a fait est exceptionnel et je vais toujours lui en être reconnaissante. Le problème c'est que, quand les enfants sont partis il y a moins de choses à faire et comme elle n'a jamais travaillé, c'est plus difficile. Ma mère nous a tout donné mais elle s'est oubliée. Elle a oublié qu'elle aussi était bonne, belle et capable. Elle a mis tous ses espoirs en ses filles et maintenant en ses petits-enfants mais elle a oublié d'en avoir pour elle. À 61 ans, c'est pas facile de se reprogrammer le cerveau et ça amène souvent son lot de frustration.
Maintenant, je sais que ma mère n'a pas toujours raison, car elle a tort de se sous-estimé et elle a tort de penser qu'elle ne vaut pas autant que les autres.
J'ai souvent chanté "Le plus fort c'est mon père" mais je dois dire aujourd'hui " La meilleure s'est ma mère".
